
Il y a cent ans, l’option choisie et souvent remise en question par la suite, fut celle d’une voie à écartement métrique, constituant une antenne au réseau CEG (1903 Chemins de fer électriques de la Gruyère), reliant Palézieux à Châtel-Saint-Denis (CP 1901), Châtel-Saint-Denis à Bulle et Montbovon (CBM ). Bulle avait été reliée au réseau national (Jura-Simplon) dès 1868 par l’ouverture de la ligne à voie normale Bulle-Romont (BR) qui constituait une société indépendante. L’exploitation commune de la gare de Bulle fut très mouvementée jusqu’à la fusion des sociétés en GFM (1942 Gruyère-Fribourg-Morat).
Gare de Broc-Village aussitôt après l’inauguration de la ligne
Pour venir à Broc, les trains empruntent le même itinéraire qu’en direction de Montbovon sur environ 750 mètres, lieu de l’emplacement de l’aiguille. Cette exploitation commune des deux lignes fut jusqu’à l’automatisation (système de blocks,) un point critique en ce qui concerne la sécurité. Aussi, en 1919, un accident frontal impliqua deux trains sur ce parcours à voie unique. Si la Halte de La Tour-de-Trême est bien située par rapport au centre du village, celle d’Epagny, excentrée, a été réalisée pour répondre à une demande de la commune de Gruyères. Le bâtiment actuel sous forme chalet a été bâti en 1983, en remplacement de l’ancienne construction. Quelques centaines de mètres plus loin, la ligne franchit la Trême sur un pont en treillis de 19,70m. La ligne décrit ensuite une grande courbe, intercalée entre la forêt de Bouleyres et la route cantonale. Le point d’arrêt de la Halte des Marches aujourd’hui également reconstruit, fut motivé afin de faciliter l’accès au lieu de Pèlerinage de la Chapelle des Marches. L’exploitation de la ligne débuta le 29 janvier 1912 jusqu’à cette halte précisément, un embranchement permettait le chargement du bois sur les wagons à voie métrique, transféré 3 km plus loin à Bulle sur des wagons à voie normale. Impensable aujourd’hui dans la frénésie de la rentabilité. Le pont d’origine à cage métallique franchissait la Sarine sur une longueur de 121 mètres. En 1985, une imposante construction moderne remplaça l’antique viaduc. L’augmentation du poids des convois en avait motivé son remplacement. Beaucoup de brocois se souviennent encore du bruit assourdissant provoqué par le passage d’un convoi sur la construction métallique. La gare de Broc-Village (Km 4.410) avait été placée afin de réaliser l’éventuel projet d’une ligne vers Charmey-Boltigen. La Grande Guerre eut raison de ce projet ainsi que beaucoup d’autres. Une partie de la halle aux marchandises inusitée a été équipée d’une sous-station électrique. Un tiroir avec quai de chargement voyait il y a encore une dizaine d’années se charger un wagon de bois par jour. La reprise du trafic des marchandises par l’entreprise Cargo supprima ce service. Peu après la gare, la ligne entame la pente de 50 0/00, la plus raide de tout le réseau métrique TPF. Cette rampe sinueuse causa longtemps des cheveux gris aux responsables du service de la traction. Le tracteur 13 fut souvent mis en renfort. L’augmentation de la puissance des véhicules permet actuellement de remédier à ce souci.
Extrait de la Vie Brocoise, avril 2012 Alain Castella